
Salaire moyen médecin remplaçant en France (2025) : libéral, public, privé, intérim
1. Introduction et contexte
Le métier de médecin remplaçant occupe une place essentielle dans l’organisation des soins en France. Il permet d’assurer la continuité de la prise en charge des patients lorsque le médecin titulaire est absent — pour cause de congés, de formation, de maladie ou encore de départ temporaire. Cette flexibilité est précieuse, non seulement pour les patients qui conservent un accès aux soins, mais également pour les établissements et cabinets médicaux qui évitent ainsi les ruptures de service.
Ces dernières années, le recours aux médecins remplaçants a connu une forte croissance. Plusieurs facteurs expliquent cette tendance : pénurie de médecins dans certaines régions, augmentation de la charge de travail des praticiens, ou encore attractivité d’un mode d’exercice plus flexible pour les jeunes diplômés. La possibilité de choisir ses missions, son lieu d’exercice, et parfois ses tarifs, attire en effet un nombre croissant de praticiens vers cette activité.
Cependant, la rémunération d’un médecin remplaçant n’est pas uniforme. Elle dépend de nombreux paramètres : secteur d’activité (public ou privé), spécialité, localisation géographique, type de mission (consultations, gardes, astreintes) et statut d’exercice (libéral, salarié, intérimaire). Il est donc essentiel de comprendre les fourchettes de salaire pratiquées et les facteurs qui les influencent.
Dans cet article, nous allons analyser en détail le salaire moyen d’un médecin remplaçant en France, en distinguant les pratiques dans le secteur privé et dans les établissements publics, tout en intégrant des données précises issues de sources fiables. Nous verrons aussi comment optimiser sa rémunération et quelles sont les tendances actuelles du marché.
2. Mise à jour : encadrement des rémunérations des médecins remplaçants dans le secteur public
2.1 Historique de la régulation
Depuis plusieurs années, l’intérim médical dans les hôpitaux publics était marqué par des rémunérations parfois très élevées, jusqu’à atteindre 5 000 à 6 000 € pour une garde de 24 h. Face à ces dérives, la législation a évolué pour rétablir un encadrement strict.
- En 2017, la loi Touraine introduit un plafond initial de 1 170,04 € brut pour 24 h.
- Puis, la loi Rist (2021) permet un contrôle par les comptables publics. Dès avril 2023, un plafond temporaire est fixé à 1 389,83 € brut. Ministère des Solidarités+7WEKA+7Caducee+7
- À partir du 1er janvier 2024, ce plafond est définitivement fixé à 1 410,69 € brut par 24 h de travail effectif.
2.2 Cadre juridique et bouleversement réglementaire
Un arrêt du Conseil d’État daté du 28 novembre 2024 annule la rédaction de l’article réglementaire actuel, au motif que le plafond ne prenait en compte que la rémunération brute du praticien, et non les frais liés à l’agence d’intérim. L’administration dispose désormais de six mois pour élaborer un nouveau texte conforme.
Le décret n°2025-612 du 2 juillet 2025, publié au Journal officiel le 3 juillet, vient préciser ce nouveau cadre réglementaire. Il :
- Étend le plafonnement aux sages-femmes, pharmaciens et professionnels médico-sociaux,
- Introduit une obligation de prise en compte des coûts globaux (praticien + frais ETT),
- Et prévoit des plafonds spécifiques selon les catégories d’acteurs et les contextes territoriaux, applicables aux contrats signés dès le 1er juillet 2025
2.3 Conséquences pratiques pour les médecins et les établissements
- Depuis 2023, les praticiens ne peuvent plus espérer des rémunérations exceptionnelles au-delà du plafond (1 410,69 €). Ce changement a notamment affecté les anesthésistes, auparavant mieux rémunérés sur ce type de missions.
- Malgré cette législation, certaines dérives persistent : zones rurales sous tension, contrats par dérogations (« motif 2 ») ou refus de certaines missions pour des médecins intérimaires. La pression reste vive pour garantir la continuité des soins.
3. Salaire moyen d’un médecin remplaçant selon le statut
3.1 En libéral
Le médecin remplaçant libéral perçoit directement les honoraires facturés aux patients ou à l’assurance maladie, moins la rétrocession au titulaire.
- Rétrocession moyenne : 70 % à 80 % des honoraires encaissés.
- Journée classique : 25 à 30 consultations, à un tarif moyen de 25 €.
- Revenu net quotidien : 350 € à 600 €.
- Mensuel (20 jours ouvrés) : 7 000 € à 12 000 € net, mais sans congés payés ni avantages sociaux.
3.2 En hôpital public
Les médecins remplaçants dans le public sont souvent engagés comme contractuels.
- Salaire brut journalier : environ 390 € à 490 € brut.
- Mensuel : 6 000 € à 8 000 € brut pour un temps plein.
- Possibilité d’astreintes et gardes majorées.
- Avantages : sécurité de paiement, assurance professionnelle, cadre structuré.
- Inconvénients : grilles salariales rigides, rémunération souvent inférieure à celle du libéral.
3.2 bis En hospitalier secteur privé
Le secteur privé hospitalier propose des vacations ou des CDD.
- Salaire brut journalier : 500 € à 800 € brut.
- Mensuel : 4 800 € à 7 500 € brut (4 000 € à 6 000 € net).
- Souplesse dans la négociation, primes possibles (astreintes, actes techniques).
- Avantages : conditions souvent plus souples qu’en public, possibilité de plateau technique performant.
- Inconvénients : moins d’avantages sociaux que dans le public, pression sur la rentabilité.
3.3 En intérim hospitalier public
Ce mode de remplacement est très lucratif mais réglementé depuis 2018.
- Plafond légal journalier : 1 170 € brut (hors dérogations).
- Revenus mensuels : 15 000 € à 20 000 € brut possibles si missions continues.
- Très forte demande dans certaines spécialités (urgentistes, anesthésistes, radiologues).
- Avantages : rémunération élevée, flexibilité.
- Inconvénients : contrats courts, incertitude sur la planification, nécessité d’être mobile.
Tableau comparatif des rémunérations moyennes
| Statut | Revenu journalier brut | Revenu mensuel brut (temps plein) | Avantages principaux | Inconvénients |
| Libéral | 350 € – 600 € net* | 7 000 € – 12 000 € net* | Revenu potentiellement élevé, autonomie | Pas de congés payés, charges sociales élevées |
| Hôpital public | 390 € – 490 € | 6 000 € – 8 000 € | Stabilité, avantages sociaux | Grille salariale rigide |
| Hôpital privé | 500 € – 800 € | 4 800 € – 7 500 € | Souplesse, primes possibles | Moins d’avantages sociaux |
| Intérim hospitalier public | Jusqu’à 1 170 € | 15 000 € – 20 000 € | Très rémunérateur, flexibilité | Contrats courts, mobilité nécessaire |
*En libéral, les montants indiqués sont nets après rétrocession, avant déduction des charges URSSAF.
4. Tendances et prévisions 2025 pour le salaire des médecins remplaçants
L’évolution du salaire moyen d’un médecin remplaçant en France dépend de plusieurs facteurs : la démographie médicale, les politiques de santé, la répartition géographique des praticiens et la pression sur les spécialités en tension.
4.1 Pénurie persistante de médecins
Le vieillissement de la population médicale et le départ à la retraite de nombreux praticiens entraînent un besoin accru de remplaçants dans toutes les régions, particulièrement dans les zones rurales et périurbaines.
- Conséquence directe : maintien de tarifs élevés en libéral et en intérim hospitalier.
- Spécialités les plus demandées : médecine générale, anesthésie-réanimation, radiologie, urgences.
4.2 Durcissement des réglementations
Depuis 2018, les plafonds de l’intérim médical ont réduit certaines rémunérations dans le public, mais :
- Certains établissements continuent de proposer des dérogations, notamment dans les zones très déficitaires.
- Le secteur privé et le libéral restent plus libres sur les tarifs, mais sous la pression des ARS pour éviter les excès.
4.3 Montée en puissance du travail hybride
On observe une tendance croissante vers des contrats mixtes :
- Mi-temps hospitalier (sécurité de l’emploi, avantages sociaux)
- Mi-temps libéral ou intérim (revenus plus élevés, flexibilité)
Cette formule permet d’optimiser le revenu tout en sécurisant une partie des avantages.
4.4 Digitalisation et téléconsultation
Le développement de la téléconsultation ouvre de nouvelles opportunités pour les remplaçants, notamment :
- Prendre en charge des patients à distance lors de missions courtes.
- Facturer certains actes tout en étant géographiquement flexible.
Bien que les tarifs soient inférieurs à une consultation physique, la productivité peut compenser la différence.
4.5 Prévisions 2025 par statut
| Statut | Tendance prévue | Variation estimée des revenus | Facteurs clés |
| Libéral | Stable à hausse | +3 % à +5 % | Demande forte, peu de contraintes réglementaires |
| Hôpital public | Stable | 0 % à +2 % | Plafonds réglementaires inchangés |
| Hôpital privé | Légère hausse | +2 % à +4 % | Pénurie de spécialistes, primes négociées |
| Intérim hospitalier public | Fluctuante | -5 % à +5 % selon spécialité | Dérogations ARS, zones sous-dotées |
💡 À retenir pour 2025 :
- Les médecins remplaçants libéraux devraient rester les mieux rémunérés proportionnellement à leur temps travaillé.
- L’intérim hospitalier public continuera d’offrir des pics de rémunération attractifs, mais avec une vigilance sur la légalité des montants.
- Les opportunités en hôpital privé vont progresser grâce à la souplesse et aux négociations possibles sur les primes.
- La polyactivité (libéral + hospitalier) devient un levier de revenu de plus en plus utilisé.
5. Conseils pratiques pour optimiser ses revenus en tant que médecin remplaçant
Le revenu d’un médecin remplaçant ne dépend pas uniquement du nombre de jours travaillés ou du tarif journalier. Une stratégie bien pensée permet de gagner plus tout en travaillant de façon équilibrée.
5.1 Diversifier les types de missions
Pour éviter les périodes creuses et maximiser les opportunités :
- Alterner libéral et hôpital : travailler en cabinet pendant les périodes calmes à l’hôpital et inversement.
- Accepter les remplacements urgents : souvent mieux rémunérés, notamment en zones sous-dotées.
- Cibler des spécialités temporaires : par exemple, urgences en hiver, pédiatrie en période épidémique.
💡 Astuce : les plateformes de mise en relation et les réseaux professionnels sont clés pour être informé en priorité.
5.2 Négocier intelligemment les tarifs
Même dans un contexte réglementé, certaines marges existent :
- En libéral : ajuster le pourcentage de rétrocession avec le titulaire (65 % à 80 % possible selon la demande).
- En hôpital privé : inclure dans la négociation les primes d’astreinte, les indemnités de déplacement et l’hébergement.
- En intérim public : viser les zones bénéficiant de dérogations ARS pour dépasser les plafonds habituels.
💡 Astuce : toujours se renseigner sur les grilles en vigueur et les tarifs pratiqués dans la région.
5.3 Optimiser la fiscalité et les charges sociales
Une bonne gestion administrative permet de garder plus de revenus nets :
- Choisir le statut adapté (libéral, salarié, mixte) en fonction de sa situation.
- Utiliser les déductions fiscales pour le matériel, les frais de déplacement, les cotisations.
- Étaler ses revenus pour éviter de franchir des tranches d’imposition plus élevées.
💡 Astuce : un comptable spécialisé dans le médical est un investissement rentable.
5.4 Développer un réseau professionnel solide
Un carnet d’adresses bien fourni garantit :
- Des missions régulières sans passer par des intermédiaires coûteux.
- Des recommandations pour accéder à des établissements réputés et mieux rémunérateurs.
- Une meilleure réputation, qui permet de négocier des conditions premium.
💡 Astuce : participer à des congrès, groupes Facebook spécialisés et événements locaux.
5.5 Miser sur la formation continue
Un médecin remplaçant formé sur des techniques ou spécialités en tension peut prétendre à des rémunérations supérieures.
- Formations en imagerie médicale, échographie, urgences vitales.
- Certifications spécifiques recherchées par les établissements (AFGSU, gériatrie, soins palliatifs).
💡 Astuce : certaines formations peuvent être financées via le DPC ou le FIF-PL.
5.6 Stratégie de planning et de mobilité
- Éviter les creux saisonniers en acceptant des missions dans d’autres régions ou DOM-TOM.
- Regrouper plusieurs missions sur la même zone géographique pour réduire les frais et augmenter la rentabilité.
💡 Astuce : les zones ultra-marines et rurales offrent souvent des primes de déplacement et d’hébergement.
📌 Résumé des leviers d’optimisation :
- Diversifier les missions (libéral, hôpital public/privé, intérim).
- Négocier toutes les composantes du revenu (tarif, primes, avantages).
- Optimiser la fiscalité et les charges.
- Cultiver un réseau solide.
- Se former régulièrement pour cibler les spécialités en tension.
- Gérer son planning pour rester actif toute l’année.
Conclusion : Un métier flexible mais exigeant
Le métier de médecin remplaçant offre une liberté rare dans le domaine médical : liberté de choisir ses missions, ses horaires, ses lieux d’exercice et parfois même ses tarifs. Mais cette liberté s’accompagne de responsabilités importantes : maintenir ses compétences, gérer son activité comme une entreprise, et savoir négocier et optimiser ses revenus.
Que l’on exerce en libéral, en hôpital public, dans le secteur privé ou en intérim médical, il existe de nombreux leviers pour améliorer son salaire net :
- Sélectionner les missions selon leur rentabilité.
- Être prêt à se déplacer dans les zones en tension.
- Développer un réseau de confiance pour obtenir les meilleures opportunités.
💡 En résumé, le revenu d’un médecin remplaçant dépend autant de ses choix stratégiques que de ses compétences médicales. Les praticiens les mieux organisés, formés et connectés parviennent non seulement à assurer leur sécurité financière, mais aussi à vivre pleinement cette carrière nomade et enrichissante.
En restant attentif aux évolutions réglementaires et aux besoins des établissements, chaque remplaçant peut trouver le juste équilibre entre revenus, qualité de vie et satisfaction professionnelle.







